vendredi 20 juillet 2007

La beauté de Facebook: le réseau


Par Hubert Guillaud le 20/07/2007

Au-delà du succès, ainsi que du réseau applicatif dense et presqu’ouvert qui s’est développé autour du site, Facebook a réussi quelque chose que je trouve vraiment intéressant : cette page d’information qui collecte vos actions et celles de vos amis sur la plate-forme, ce “feed” comme ils l’appellent, qui nourrit et se nourrit de votre réseau relationnel.

Cette page conduit la viralité du réseau, elle vous informe de ce qu’il s’y passe : Daniel a ajouté telle application, Rémi s’est abonné à tel groupe, vos copains Jean-Marc et Fabien sont désormais amis avec Thierry (pas vous ?), Carole a ajouté 4 photos et 2 vidéos, c’est l’anniversaire de Véronique aujourd’hui, etc.


Cette page me permet, d’un coup d’oeil, de suivre la vie de mon réseau sur la plate-forme. Les gens ne vous adressent pas forcément de messages directement mais ce sont leurs actions au sein de la plate-forme qui constituent les messages. Contrairement à Twitter, ici, pas besoin de dire ce que l’on fait, il suffit de le faire pour que cela soit répercuté à mes proches, à mes amis, à mon réseau. L’intégration au coeur même du profil de chacun fait de ces interactions le coeur même du réseau. Il y a là une idée très simple mais qui va, je crois, se répandre comme une trainée de poudre. Mettre au coeur de son service non seulement ce que vous y faites, mais aussi ce qu’y font vos proches. Pouvoir cartographier non pas tout ce qu’il se passe sur la plate-forme, mais bien ce qu’il se passe sur votre réseau social – et en plus avec un peu d’intelligence, puisque si Alice et Bob changent individuellement leur image, votre page ne me les indiquera pas individuellement, mais agrègera tous ceux qui ont fait la même chose le même jour.


Jusqu’à présent, pour être tenu au courant de l’activité numérique d’une connaissance, il fallait s’abonner à une multitude de flux (photos, vidéos, signets, blogs, Twitter, etc), ou surveiller la page où cette personne agrège elle-même toutes ses actions (comme une page Ziki). Facebook montre une piste pour rassembler, unifier et donner du corps à nos traces numériques et faire que leurs modifications agissent comme des alertes.

Facebook propose là un point stimulant sur la manière dont, demain, nous pourrions gérer toutes ces informations, comment elles se diffusent, comment elles nous parviennent parce qu’elles nous intéressent plus que d’autres, etc.

Reste que la limite aujourd’hui est bien dans la définition d’un seul type de relation sociale : l’amitié, qui placerait toute nos relations au même niveau. On voit bien qu’il y a besoin ici de plus de plasticité. La définition du réseau social reste trop fruste pour être opérante. On a besoin d’affiner le cercle des relations, d’introduire plusieurs niveaux d’intimité possibles… On a besoin de pouvoir donner des autorisations différentes et envie de “surveiller” différemment les actions de notre réseau, selon qu’il est composé de la famille proche, des amis, des collègues ou des blogueurs avec qui on se sent en affinités. On a envie de suivre les recommandations de lectures d’Untel, mais pas celles de ses films, car nos avis ne se recoupent pas (il adore les films de Karaté et j’ai horreur de ça), ou parce que nous ne sommes pas suffisamment proches pour en parler, ou encore parce que ses avis ne sont pas assez argumentés à mon goût. Mais cela demande de pouvoir affiner le cercle des relations, les autorisations que je délivre et qu’on me délivre.

En attendant cette évolution, Facebook montre combien un web branché sur les actions que nous réalisons en ligne est utile. Peut-être pas utile pour l’intérêt général ou le bien commun, mais au moins pour moi-même. Que demain, je puisse indiquer aux gens de mon réseau, selon le niveau de proximité où ils se situent, que je surfe sur tel site, que je suis passé sur leur blog, que j’ai ajouté tel fil d’information dans mon agrégateur, que j’ai laissé un commentaire les concernant sous telle photo, peut paraitre puéril. Pourtant, cela souligne combien ces outils mettent en exergue le désir de ne plus être seul derrière son écran, d’être toujours plus relié aux pratiques des autres. Une manière de rassurer sa propre pratique d’internet en solitaire, de vivre socialement notre connexion.

Et après, peut-être verrons-nous naître un méta-système qui saura suivre l’activité de nos réseaux sur toutes les plate-formes automatiquement, depuis les gens avec qui nous avons l’habitude de converser par mail, tchat jusqu’aux commentaires par blogs interposés. Favoriser le plus intuitivement et automatiquement (ou le plus implicitement) possible l’interaction avec les gens dont nous nous sentons proche, ce n’est que la promesse du web de demain.

Hubert Guillaud

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Effectivement, il y a encore place à l'amélioration tant pour les fonctionnalités que pour les libellés. Je doute qu'un partenaire d'affaires se sente interpellé par un « Veux-tu être mon ami? » Voir mon billet : http://www.bloguemarketinginteractif.com/2007/07/16/quelques-reflexions-sur-facebook/

Je me dis aussi, en explorant la plateforme, que je ne suis pas encore en mesure de satisfaire tous mes appétits; probablement par méconnaissance de l'envergure des choix proposés. C'est sûrement possible d'utiliser FACEBOOK dans un contexte plus privé ou disons plus segmenté (outre le profil limité), mais j'avoue humblement, que je cherche encore. Des pistes?